Ces poètes qui célébrent l'Eternel

Politique ou Poète ?



Une fois encore, je me trouvais dans ce hall froid de l’aéroport de Vnoukovo. Et j’allais partir pour la France.

Cette fois, j’étais infiniment triste, accablé. Je n’avais pas encore décidé de rompre avec le communisme. Mais je savais que je n’étais plus solidaire de ce monde, de cette foi. Le pays que j’allais quitter dans quelques minutes me faisait mal. Horriblement mal. Les vingt-deux années que j’avais consacrées à la gigantesque bataille communiste avaient-elles perdu tout sens ? Hélas ! tout me disait que ces vingt-deux années ne servaient presque à rien. A ma formation, sans doute, ma formation d’homme. Pas à cette société ardente, à laquelle j’avais voué tant de mes rêves d’adolescent, puis d’adulte...

Pendant trois ans, j’ai porté ma croix d’homme seul, tourmenté. Ah ! ces tours en rond, ces pas dans la petite cour de l’obsession !... Je ne souhaite pas à mon pire ennemi d’endurer un jour les tourments de celui qui a quitté le troupeau, et s’est assis sur le bord de la route...

Et puis il y a tout de même eu la matinée de soleil léger sur Paris, une matinée de couleurs tendres qui vont si bien à la capitale. Je sortais d’une difficile séance de simulateur de vol, rue Galilée. Place des États-Unis, Champs-Élysées. Je me sentais presque content. Voyons, réfléchissons encore une fois : oui, il y a eu la nouveauté du système solaire, puis une combinaison d’acides aminés, puis la vie, puis une interminable hésitation de cette vie qui semblait ne pas savoir où se diriger. Des êtres vivants, complexes : végétaux, animaux se sont élaborés, colonisant toute la planète. Et ce canevas vivant n’a pas cessé de se perfectionner, de s’enrichir. En haut de la tapisserie, voici des personnages distincts des autres. Ils se tiennent debout. Ils travaillent. Surtout ils pensent. Ce sont les hommes. Oui, une heure et demie de marche à travers Paris, dans l’euphorie d’une lumière pastel, et cela m’a tragiquement mis en présence de l’évidence de la création.

Création de l’univers, de la vie, de la conscience, de l’humanité. La logique du vivant m’a conduit ce jour-là directement à la logique de la foi en Dieu.

Entendons-nous bien. Je suis venu à Dieu par le raisonnement scientifique, parce que je crois en ce raisonnement scientifique s’appuyant sur les faits

304 pages

Lucien Barnier

J'ai quitté le Parti pour Dieu

Lucien Barnier www.horizon-spirituel.com

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"Ceux qui nous ont précédé"


Hymne au Christ

… L’astre qu’à ton berceau le mage vit éclore,
L’étoile qui guida les bergers de l’aurore
Vers le Dieu couronné d’indigence et d’affront,
Répandit sur la terre un jour qui luit encore,
Que chaque âge à son tour reçoit, bénit, adore
Qui dans la nuit des temps jamais ne s’évapore,
Et ne s’éteindra pas quand les cieux s’éteindront !
Ils disent cependant que cet astre se voile,
Que les clartés du siècle ont vaincu cette étoile ;
Que ce monde vieilli n’a plus besoin de toi !
Que la raison est seule immortelle et divine,
Que la rouille des temps a rongé ta doctrine,
Et que de jour en jour de ton temple en ruine
Quelque pierre en tombant déracine ta foi !
… Ô toi qui fis lever cette seconde aurore,
Dont un second chaos vit l’harmonie éclore,
Parole qui portais, avec la vérité,
Justice et tolérance, amour et liberté !
Règne à jamais, ô Christ, sur la raison humaine,
Et de l’homme à son Dieu sois la divine chaîne !
Illumine sans fin de tes feux éclatants
Les siècles endormis dans le berceau des temps !
Et que ton nom, légué pour unique héritage,
De la mère à l’enfant descende d’âge en âge,
Tant que l’oeil dans la nuit aura soif de clarté,
Et le coeur d’espérance et d’immortalité !
Tant que l’humanité plaintive et désolée
Arrosera de pleurs sa terrestre vallée,
Et tant que les vertus garderont leurs autels,
Ou n’auront pas changé de nom chez les mortels !
Pour moi, soit que ton nom ressuscite ou succombe,
Ô Dieu de mon berceau, sois le Dieu de ma tombe !
Plus la nuit est obscure et plus mes faibles yeux
S’attachent au flambeau qui pâlit dans les cieux ;
Et quand l’autel brisé que la foule abandonne
S’écroulerait sur moi !… temple que je chéris,
Temple où j’ai tout reçu, temple où j’ai tout appris,
J’embrasserais encor ta dernière colonne,
Dussé-je être écrasé sous tes sacrés débris !
Alphonse de Lamartine, 
Harmonies poétiques et religieuses
Alphonse de Lamartine horizon-spirituel.com
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